Woodward.

À Genève, s’est ouvert cette semaine un nouvel hôtel sur la rade; le Woodward, Oetker collection. Ce nouvel écrin du luxe propose désormais 26 suites exclusives au décor intimiste. L’Ancien hôtel Bellevue datant de 1901, retrouve aujourd’hui ses lettres de noblesse- et ses sublimes terrasses-, après avoir été un bâtiment d’habitations privées, puis une banque. Un siècle plus tard, la boucle est bouclée. Après une restauration minutieuse et des travaux quasi interminables sous fond de covid, le Woodward offre à Genève une nouvelle notion de l’hyper luxe, confortable, discret, pas trop ostentatoire; un doux mélange d’art, de mobilier d’époque, de travail d’artisans (la marqueterie notamment), de pièces d’exception, le tout dans un confort absolu: un parfait entre deux entre l’hôtellerie traditionnelle et le “comme à la maison*” 

*À condition bien entendu que votre domicile soit un appartement particulier d’époque dans un quartier super chics…si vous voyez ce que je veux dire….

Et, même si le service marketing du groupe s’active à faire paraître la la chose accessible, ce n’est pas vraiment le cas; on parle bien ici d’un hôtel hyper exclusif sans le côté trop posh cependant. Le tout laisse rêveur.

A défaut d’y séjourner, nous pouvons depuis le début du mois TOUS profiter des deux restaurants de l’adresse, qui vont donner une nouvelle teinte à la scène gastronomique locale. Car, c’est un Atelier Joël Robuchon qui s’ouvre. Plus qu’une marque, ces restaurants font rayonner la gastronomie française et l’héritage du défunt chef à travers le monde. L’ouverture genevoise donne un accent toujours plus international à la cité du bout du Lac qui avait résisté jusqu’ici à l’implantation de ce genre d’établissements, bien que l’ouverture du Yakumanka au Mandarin Oriental ait déjà amorcé la chose*.

*A peu près 15 ans après tout le reste de la terre, MAIS c’est Genève….

RESTAURANTC’est au rez-de-chaussé de l’hôtel,

  (à l’entre-sol exactement) que l’on découvre le grand restaurant en rouge et noir ( j’exilerai ma peur llalalala), pas des plus modernes, mais signature, reconnaissable: efficace. Le tout est articulé autour d’un immense bar avec cuisine ouverte,  inspiration bar à sushi moderne, laques à gogo,  lumières tamisées qui n’éclairent que les centres de table pour mettre en valeur les plats. Brigade et équipe de service en rang d’oignon, visiblement prêts pour la première soirée, souriants, fébriles, contents; c’est l’heure du lancement!

Au programme,

 un menu dégustation au top, bien que relativement classique. Un amuse-bouche délicieux accompagné d’une émulsion au miso du Léman, du tourteau surmonté de caviar de Sologne, une aubergine à la pointe plus méditerranéenne, un homard bleu délicieux, un très bon, bien que plus attendu, bar aux accents Asie du Sud Est cette fois. Puis, arrive la viande, du boeuf des alpages suisses en version Rossini accompagné de la purée signature du Chef Robuchon: un délice, il faut bien l’avouer! Lorsque cela sera la saison, la pièce de boeuf au format rond parfaitement calibrée sera surmontée d’une rosace de truffe.” Nous avons choisi de ne pas travailler la truffe d’été: nous attendons donc la saison des « vraies » truffes tout simplement.”, indique la maître d’hôtel. Elle partage ici la scène avec un camarade masculin, les deux sont d’une jeunesse insolente. Le service se la joue traditionnel avec annonces à rallonge et soulevés de cloche au diapason, qui contrastent avec la dégustation décontractée au comptoir et la proximité avec les équipes. Le tout crée un entre-deux pour une expérience gastronomique pas trop guindée.

Parlons du chef maintenant,

Olivier Jean, disciple et digne héritier de Robuchon, avec qui il a travaillé 10 ans jusqu’à son décès en 2018. Il a fait avec lui plusieurs ouvertures d’Ateliers à travers le monde dont Macao, Monaco, Miami ou dernièrement Taipei d’où il arrive. On apprécie la personnalité sympathique et pragmatique du chef, qui communique avec plaisir sur sa cuisine et ses produits. Pour Genève, il a construit une carte aux couleurs parfois voyageuses en utilisant le plus possible de produits locaux: “j’ai découvert les Potagers de Gaia en me baladant en famille, depuis c’est lui qui nous fournit tous les légumes. Pour le miso, ce sont deux Japonaises à Nyon qui le fournissent, je n’ai pas encore trouvé d’agneau de lait qui me convient localement, mais je cherche. Le but est vraiment de sourcer dans le bassin lémanique, aujourd’hui impossible d’imaginer ouvrir un tel restaurant à Genève sans parier sur la localité”.

Côté cuisine,

rien à dire en tout cas, l’expertise, la maîtrise sont au rendez-vous. Les recettes sont calibrées et le résultat est excellent, seule remarque, un poivre très (trop?) prononcé sur l’excellent boeuf Rossini cuit à basse température…un détail…J’ai quand même beaucoup aimé ce plat, certes un grand classique mais quoi de mieux quand il est exécuté avec une telle justesse? 

Et ce n’est pas le sympathique sommelier Martin Cappelaere qui dira le contraire, pour son wine pairing, il alterne pépites locales et curiosités d’ailleurs: “Je veux attiser la curiosité, faire des mariages de goûts, pas d’étiquettes, le but c’est la découverte non?”, on ne peut qu’acquiescer. Aussi, pour les moins aventureux, Martin a fait une sélection de 750 bouteilles pour ce nouveau restaurant, nul doute que les plus grands crus attendent sagement les acquéreurs aux portefeuilles bien garnis. Enfin, Martin, est aussi un grand passionné de Champagnes de vignerons si vous êtes curieux: “Des champagnes superbes, mais qui n’ont pas le grand nom des châteaux que l’on connaît », il suffira de lui demander pour en savoir plus.

Enfin, touche finale au tableau,

le dessert, ou devrais-je dire les desserts! Le restaurant s’est affublé d’un jeune pâtissier de talent, Titouan Claudet, 28 ans. Le jeune homme est passé par la table de Madame Pic avant de venir rejoindre les bancs du chef Olivier Jean. Cette star d’instagram où il partage quotidiennement son talent certain pour les feuilletés de folie, devrait faire des étincelles à L’ Atelier, un nom à suivre.

Les notes du web :

  • Avis Google : 5 / 5

ommentaires

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